Stew, le drôle d’oiseau
Exposition – Battement d’ailes – Stew Œuvres de Stew Jusqu’au 10 février 2017 Galerie Artistik Rezo |
Jusqu’au 10 février 2017 La nouvelle exposition de Stew, « Le vol du Colibri », est une ode à la liberté. Rendu célèbre pour son gigantesque héron bleu dans le 13e arrondissement, le street-artiste raconte son envol. A quatre ans, il gribouillait déjà sur la tapisserie de sa chambre, au grand dam de ses parents. Ado, il s’en est pris aux murs bétonnés de son quartier, La Porte des Lilas, au nord-est de Paris. A l’en croire, Steven Suedile, alias Stew, est né avec un aérosol dans une main, un Posca dans l’autre. Aujourd’hui, le gamin a grandi. Le vandale a laissé place au jeune père de famille (presque) rangé, le travail d’atelier a remplacé le graffiti posé à la va vite sur les murs du quartier ; mais la fureur de créer, elle, est toujours la même. Un atelier d’artiste au charme discret, planté dans un quartier d’Ivry, entre un squat et des cafés silencieux. Sur le grand portail rouillé, un symbole énigmatique, à la manière des Mayas. Sa signature. « Stew, c’est mon surnom depuis que je suis petit. J’adorais le générique de l’émission anglaise Stewpot, » explique le street-artiste en ouvrant la porte de son atelier, installé dans un ancien site industriel réinvestit par une dizaine d’artistes. Une inspiration fourmillante Le lieu est à son image. Un capharnaüm méthodique, comme ses cheveux noirs. Des murs tâchés de peinture, comme ses mains. Des oeuvres aux influences multiples, comme ses origines. D’ailleurs, stew n’est pas seulement le nom d’une émission de la BBC. Le mot signifie « ragoût » en anglais. « Un plat où tu mets un peu tout et n’importe quoi. Comme moi ! », plaisante l’artiste. Stew est en effet un joyeux melting-pot. Sa famille, du côté maternel, est syrienne ; son grand-père était ambassadeur en Chine. « Il ramenait sans cesse des chinoiseries de ses voyages. C’est devenu une inspiration. » A ces origines orientales, dont il est fier, se greffent une culture geek, punk et skate. « J’ai toujours vécu en banlieue parisienne, où j’ai été bercé par le mouvement underground. » Stew a canalisé toutes ces influences dans ses pochoirs, technique ancestrale du Japon médiéval. Il leur a donné la forme d’une geisha à la coupe afro, d’un samouraï tout droit sorti d’un jeu vidéo, un Jizo (gardien d’un temple asiatique) rockeur. « Je suis fasciné par l’alliance de la tradition et de la modernité. » Le graffeur évoque, avec la même ivresse passionnée, les estampes japonaises d’Hiroshige, les peintures impressionnistes de Van Gogh, les pochoirs colorés de C215. Du graf à la fresque du héron bleu C’est à Versailles, où ses parents emménagent, qu’il fait ses premiers pas de graffeur, balbutiants. Gamin, il flâne dans son quartier et sur les chemins de fer ; fait l’expérience du jeu, de l’adrénaline et de la liberté. Trains cafardeux, béton terne, usines désaffectées… Stew en fait son aire de jeu. À l’intérieur, il étouffe. Après des études d’art en Belgique – qu’il abandonne très vite – , un service militaire chez les chasseurs alpins et un apprentissage dans les métiers de l’imprimerie, Stew se rend compte qu’il veut vivre du street-art. « Aujourd’hui, le petit graffeur de banlieue est devenu l’artiste qui fait des fresques de 30 mètres, » lance-t-il, en roulant du tabac. 60 heures de peinture, 30 heures d’atelier, 30 litres de peinture… Le dernier grand chantier de Stew, un héron bleuté, transfigure le 13e arrondissement de Paris et galvanise les passants. C’est la 2e plus haute façade d’Europe jamais peinte. « Depuis la naissance de ma fille, je dessine beaucoup d’oiseau. Peut-être une allégorie de la liberté perdue ? », questionne-t-il. A l’image du héron, symbole de force, de pureté et de patience, Stew a fait son nid dans le monde du street-art. Sophie Lamberts
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